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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/95

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de son régiment aurait l’honneur de se présenter chez lui.

Sanine répondit par un salut sec et se hâta de rejoindre ses amis.

M. Kluber feignit de ne pas s’être aperçu de l’absence de Sanine et de n’avoir pas remarqué son colloque avec les officiers. Il pressait le cocher d’atteler et le gourmandait pour sa lenteur. Gemma n’adressa pas non plus la parole à Sanine, elle ne le regarda même pas, mais à ses sourcils contractés, à ses lèvres pâlies et serrées, à son immobilité on pouvait voir qu’elle souffrait cruellement.

Emilio aurait voulu parler à Sanine et le questionner. Il avait vu Sanine s’approcher des officiers, et avait remarqué qu’il leur avait remis un bout de carton… sa carte de visite, sans doute… Le cœur de l’enfant battait, ses joues étaient en feu ; il aurait voulu se jeter au cou du jeune homme, pleurer, aller tout de suite avec lui pourfendre tous ces vilains officiers allemands. Mais il sut se contenir et se borna à suivre attentivement les mouvements de son noble ami russe.

Le cocher finit enfin par atteler et tout le