Aller au contenu

Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

main du jeune homme et dissimula aussitôt la fleur.

Sanine n’avait pas l’intention d’entrer dans la confiserie bien qu’il fût tôt dans la soirée. Gemma d’ailleurs ne l’invita même pas. Pantaleone, du reste, qui était venu au devant des promeneurs sur le perron, déclara que Frau Lénore dormait.

Emilio prit timidement congé de Sanine ; il avait l’air d’avoir peur de son ami, tant son admiration pour lui était grande.

M. Kluber reconduisit Sanine chez lui et le salua froidement. Cet Allemand, malgré son flegme et son assurance, se sentait mal à l’aise.

Tout le monde d’ailleurs se sentait mal à l’aise ce jour-là.

Ce sentiment ne tarda pas à s’effacer chez Sanine et à faire place à une disposition d’esprit indéfinissable, mais agréable et exaltée.

Sanine arpenta longtemps sa chambre sans vouloir penser à quoi que ce soit et en sifflotant un air ; il était très content de lui-même.