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Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/207

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qui commençait son concert hebdomadaire au pavillon. Capitoline Markovna se leva aussitôt.

— De la musique, dit-elle, de la musique à la Conversation ! Il faut y aller. Il est maintenant quatre heures, n’est-il pas vrai ? C’est le beau moment.

— Oui, répondit Potoughine ; c’est l’heure à la mode et la musique est excellente.

— Il ne faut donc pas tarder, Tatiana, allons.

— Vous me permettez de vous accompagner ? demanda Potoughine au grand étonnement de Litvinof, auquel il ne vint pas en tête que Potoughine pouvait être envoyé par Irène.

Capitoline Markovna sourit : — Avec grand plaisir, monsieur… monsieur…

— Potoughine, dit celui-ci, en lui offrant son bras. Litvinof donna le sien à Tatiana et les deux couples se dirigèrent vers la Conversationhaus.

Potoughine continua à discuter avec Capitoline Markovna, et Litvinof à marcher sans ouvrir la bouche ; deux fois seulement il sourit sans aucun motif, et serra légèrement la main de Tatiana ; il y avait du mensonge dans ces serrements de main auxquels elle ne répondit pas, et Litvinof se rendait compte de ce mensonge : ils n’exprimaient pas la mutuelle confiance de deux âmes qui s’étaient données l’une à l’autre ; ils remplaçaient des paroles qui n’arrivaient pas sur ses lèvres. Ce je ne sais quoi d’innommé qui avait commencé entre eux ne fit que s’accroître. Tatiana le regarda de nouveau