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Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/244

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toujours agréable ni la liberté non plus ; sans cela, quel serait notre mérite ?

Elle baisa tendrement les cheveux blancs de Capitoline Markovna, et, se tournant vers Litvinof, elle continua :

— Nous avons résolu avec ma tante de quitter Bade… c’est préférable pour nous tous.

— Quand pensez-vous partir ? demanda d’une voix sourde Litvinof.

Il se souvint qu’Irène lui avait dit la même chose. Capitoline voulut répondre, mais Tatiana la retint en lui caressant la joue.

— Probablement bientôt, très prochainement.

— Me permettez-vous de vous demander où vous avez l’intention d’aller ? continua Litvinof avec la même inflexion de voix.

— D’abord à Dresde, puis en Russie…

— Mais pourquoi avez-vous besoin maintenant de le savoir, Grégoire Mikhailovitch ? remarqua aigrement Capitoline Markovna.

— Tante ! fit encore Tatiana.

Il y eut un instant de silence. Litvinof le rompit :

— Tatiana Pétrovna, vous comprenez quel sentiment horriblement pénible et douloureux je dois éprouver en ce moment…

Tatiana se leva.

— Grégoire Mikhailovitch, dit-elle, ne parlons plus de cela… Je vous en prie, sinon pour vous, du moins pour moi. Ce n’est pas d’hier que je vous connais et je puis facilement me rendre compte de ce