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Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/42

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CHAPITRE IV


— Grégoire Litvinof, un vrai Russe, et bon garçon, je vous le recommande, s’écria Bambaéf en conduisant Litvinof à un homme de petite taille en costume du matin et en pantoufles, au milieu d’une chambre très éclairée et richement meublée. C’est lui, ajouta-t-il à Litvinof, c’est lui-même, en un mot, Goubaref.

Litvinof considéra celui-ci avec attention. Au premier coup d’œil, il ne trouva en lui rien d’extraordinaire. Il voyait devant lui un monsieur d’un air respectable et un peu hébété, ayant un gros front, de gros yeux, de grosses lèvres, une longue barbe, un cou de taureau et le regard en dessous. Ce monsieur sourit et dit : « Mm… mm… Très-bien… cela m’est fort agréable… » puis il porta la main à sa barbe et, tournant le dos à Litvinof, se mit à marcher sur l’épais tapis avec la lenteur pateline d’un chat. Goubaref avait l’habitude d’arpenter toujours son appartement et de tourmenter sa barbe avec le bout de ses ongles longs et durs. Il y avait avec lui dans cette chambre une dame vêtue d’une robe de soie usée, ayant un visage jaune comme