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Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/94

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CHAPITRE VIII


Litvinof ne tint pas la promesse de repasser ; il lui sembla qu’il valait mieux ajourner sa visite. En entrant, le lendemain vers midi, dans le salon qui lui était si connu, il n’y trouva que les deux petites, Victorine et Cléopâtre. Après les avoir embrassées, il leur demanda si Irène Pavlovna allait mieux, et si on pouvait la voir.

— Irinochka est sortie avec maman, répondit Victorine, qui bien que zézayant, était la plus hardie.

— Comment ! elle est sortie ? répéta Litvinof, et il sentit quelque chose frémir lentement au fond de sa poitrine. Est-ce… est-ce que ce n’est pas l’heure où elle s’occupe de vous, où elle vous donne des leçons ?

— Irinochka ne nous donnera plus de leçons, répondit Victorine.

— Elle ne nous en donnera plus, répéta après elle Cléopâtre.

— Et votre père, est-il à la maison ? demanda Litvinof.

— Papa n’est pas à la maison, et Irinochka est malade ; toute la nuit elle a pleuré.