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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/149

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sans pitié il traduira en police correctionnelle le vieux mendiant coupable d’avoir ramassé une prune. Sans remords, sans pudeur, il le fera condamner à la prison pour ce vol, parce que cette prune représente un liard. Voilà un paysan bien égoïste, dira-t-on ? Pas du tout ; et la preuve que cet homme n’est pas égoïste c’est que, lorsqu’il avait trop de prunes pour lui, il donnait le superflu aux pauvres. Que le chemin de fer se prolonge cent lieues de plus, et qu’il arrive à Paris des prunes en telle abondance qu’elles ne se vendent plus que 50 c. le panier, vous verrez le même paysan cesser d’être égoïste, et laisser prendre ses prunes par les pauvres. La société est exactement dans la même position que ce paysan, elle est égoïste parce qu’elle est pauvre en production. Que demain elle produise de manière à regorger de tout en abondance, et l’égoïsme disparaîtra.

73. Cette immense production si désirable, comme l’unique moyen d’extirper les vices que l’égoïsme engendre, par conséquent de moraliser les hommes ; cette grande production ne pourra avoir lieu que lorsque tous et toutes travailleront de leurs mains, et s’en glorifieront !

74. Le second résultat et non moins grand qu’amènera nécessairement l’UNION OUVRIÈRE sera d’établir de fait l’égalité réelle entre tous les hommes. — En effet, dès le jour où les enfants de la classe ouvrière seront élevés avec soin et qu’on s’appliquera à développer leur intelligence, leurs facultés, leurs forces physiques, en un mot, tout ce qu’il y a de bon et de beau dans la nature de l’homme ; dès le moment où par leur instruction, leur talent, leurs bonnes manières, il n’y aura plus entre les enfants du peuple et ceux de la classe riche aucune différence, je le demande, en quoi pourrait encore consister l’inégalité ? En rien, absolument en rien. Alors on ne recon-