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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/161

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agissant sous l’impression de la peur, il fait des lois de terreur qui aggravent encore le mal. Alors il y a des deux côtés brutalité, injustice. De là naît le désordre, la souffrance, la misère, la douleur pour tous. Ceci est l’exposé de ce qui s’est passé depuis 89, — Supposons maintenant qu’on accorde au peuple ce que je demande pour lui : un défenseur ; dès ce moment, plus de sociétés secrètes, plus d’émeutes. Aussitôt que le peuple sait qu’un homme honorable s’est chargé de le défendre et qu’il s’en occupe activement, il attend avec patience et devient calme[1].

Demander un défenseur pour la classe ouvrière, c’est vouloir remplacer les charlatans anonymes par un médecin de la faculté, portant un nom célèbre ; c’est vouloir substituer le droit au règne de la force brutale. — Accorder à la classe ouvrière le droit de choisir parmi les hommes honorables un défenseur digne de sa cause, ce serait faire un acte de prudence et d’ordre. Le directeur de la Revue Indépendante reviendra, je pense, d’une opinion conçue légèrement, ou du moins il sera le seul, je l’espère, à envisager le défenseur de L’UNION OUVRIÈRE comme un stipendié dont la mission serait tout simplement de renverser le gouvernement. — Si M. Pernet appartenait aux voyants, il comprendrait que les ouvriers ne trouveraient aucun avantage dans le renversement du gouvernement. — Depuis 89 on a renversé bien des gouvernements, et qu’ont gagné les ouvriers à ces révolutions ? N’est-ce pas toujours à leurs dépens qu’elles se sont faites ? — Ne sont-ce pas eux qui se battent ? Ne sont-ce pas eux que l’on tue ? — Puis à

  1. Voyez dans l’ouvrage de M. G. de Beaumont sur l’Irlande ce qu’il rapporte à ce sujet. Avant qu’O’Connell eût pris la défense de la cause irlandaise, il y avait en Irlande des révolutions tous les six mois, et à chaque révolution le gouvernement anglais, agissant par réaction, resserrait encore davantage les chaînes du malheureux peuple de manière que les efforts qu’il faisait, à l’aide de la force brutale, pour sortir de l’esclavage, l’y replongeaient plus violemment que jamais.