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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/31

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XXXI

si pures de tout alliage, ne me donnerait pas autant de force et de puissance qu’en eurent les catholiques, eux qui aiment Dieu et servent les pauvres en vue de la récompense dans le ciel ? — Eh quoi ! un prêtre, un seul homme, confiant en sa foi, s’est donné pour mission de faire bâtir une des plus belles églises de Paris, Saint-Sulpice, et pour atteindre ce but, ce prêtre n’a reculé devant aucune fatigue, aucune humiliation ; il a été de porte en porte mendier pour son église, et, au moyen de petites aumônes, cette grande et magnifique église s’est élevée majestueusement dans les airs[1] ; — et moi je ne pourrais pas, imitant l’exemple de ce prêtre, demander comme lui, de porte en porte, des souscriptions pour faire imprimer un petit livre utile à l’instruction de la classe la plus nombreuse ! Ah ! si j’hésitais, si je reculais devant cette noble tâche, ce serait reconnaître tacitement la nullité de la religion que je professe, ce serait renier le Dieu que je sers ; en un mot, ce serait avouer que ma foi est moins puissante que celle des catholiques !

Oh ! bien heureux ceux qui ont la foi !

À l’instant même je me sentis embrasée

  1. Voyez, dans la Biographie de Michaud, la vie de Jean-Baptiste Languet de Gergy, curé de Saint-Sulpice.