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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/30

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XXX

l’ouvrage, et je ne les avais pas. — À force de faire de la propagande à ses dépens, on finit, lorsque la source est peu abondante, par la tarir. — Pendant plusieurs jours, j’endurai un supplice, que pourront comprendre seulement les personnes qui vivent dans le domaine de l’esprit. J’avais conscience de la bonté, de l’utilité des idées que je venais de jeter sur le papier, et j’éprouvais une douleur poignante en songeant que ces idées allaient rester là, à l’état de lettre morte, faute d’un billet de 1, 000 fr. — Mais lorsque Dieu accorde la foi à un individu, il la lui donne pleine et entière.

Après trois ou quatre nuits d’une insomnie douloureuse, un matin je fus très étonnée de me sentir pleine de calme, de confiance, et plus forte que jamais.

De mes croisées je vois les tours de Saint-Sulpice. — Dans la disposition d’esprit où j’étais, la vue de cette belle église produisit sur moi un effet tout particulier. Elle me rappela immédiatement tout ce que la foi avait inspiré aux chrétiens d’actions grandes, généreuses et parfois sublimes. — Eh quoi ! pensai-je, ma religion qui est d’aimer mes frères en l’humanité, ma foi d’aimer et servir Dieu en l’humanité ; quoi une religion aussi sublime ! dont les conséquences sont si belles,