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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/56

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pays ; car il est bien clair que de là découleraient naturellement toutes les autres améliorations. Cette même lacune, si importante, dans les trois écrits désignés, fit sur moi une impression profonde, et c’est alors que mon esprit fut illuminé par cette grande et belle pensée de l’UNION UNIVERSELLE DES OUVRIERS ET OUVRIÈRES.

En réfléchissant aux causes qui produisent les abus et les maux de toutes sortes signalés par les ouvriers-écrivains, je vis d’où partait le mal et compris à l’instant quel remède on y peut appliquer. La cause véritable, la cause unique de tous les maux qui affligent la classe ouvrière, n’est-ce pas la MISÈRE ?

Oui, c’est la MISÈRE : — car, par la misère, la classe ouvrière est condamnée à perpétuité, à croupir dans l’ignorance ; — et, par l’ignorance, la classe ouvrière est condamnée, à perpétuité, à croupir dans l’abrutissement et l’esclavage ! — C’est donc contre la misère qu’elle doit lutter ; c’est là son ennemi le plus redoutable !…

Proposer un moyen qui, par son exécution simple et facile, procure à la classe ouvrière la possibilité de sortir graduellement, et sans secousses violentes, de l’état précaire où elle est plongée, est, selon moi l’unique but que doivent se proposer tous ceux qui désirent sincèrement l’amélioration véritable et efficace de la classe la plus nombreuse et la plus utile[1]. — C’est ce moyen, facile à réaliser, efficace par les importants résultats qu’il assure, que je viens proposer.

  1. Je ne sais pourquoi les Saint-Simoniens disaient — « la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. » — — La pauvreté n’est pas une qualité, bien s’en faut ! J’ai remplacé le mot pauvre par le mot — utile, parce qu’il est exact, — et l’utilité étant une qualité précieuse, elle devient pour la classe laborieuse un titre incontestable.