gieux, il a obligé ses disciples à travailler de leurs mains, à se mêler parmi les ouvriers, et à travailler
trouver. Je ne serais pas embarrassé pour faire mes souliers, mes
habits, ma casquette, mon pain, ma cuisine, mon savon, mon
beurre, ma chandelle, mes balais, en un mot, tout ce qui peut
contribuer au ménage ; cultiver mon jardin, ma ferme, construire
ma cabane, mon bateau, et me sauver à la nage s’il le
fallait ; et ceci ne m’a pas mal servi dans une dernière occasion où
notre bateau ayant été renversé par un coup de vent, nous
avons pu, sans beaucoup de peine, sauver M. Phiquepal et nous-mêmes. »
» Dès que M. de Beauséjour fut instruit de toutes ces circonstances,
il essaya d’éclairer l’inexpérience de son neveu sur le
genre d’éducation qu’on lui avait donnée et le rappela en France. »
» Mais la présence du jeune Dufour dissipa bientôt les illusions
que son oncle s’était faites. L’instruction proprement dite, l’étude
des langues anciennes et modernes, celle des sciences avaient
été presque oubliées ; il a fallu placer le jeune homme chez
M. Blanqui, où il est resté trois ans pour apprendre les choses
essentielles et vraiment utiles dans la carrière où son oncle voulait
le placer. »
» On conçoit dès lors pourquoi M. de Beauséjour refuse aujourd’hui
le paiement des 7,200 fr. ; on comprend aussi qu’Amédée
Dufour soit bien fondé à réclamer des dommages-intérêts qui seront
toujours au dessous du préjudice que lui cause la direction
vicieuse de son éducation.
Me Sudre, avocat du jeune Dufour, soutient queM. Phiquepal
a complètement manqué aux obligations qui lui étaient imposées ;
que ses élèves, loin de ne lui avoir été à charge, lui ont rendu
d’importants services, et procuré des profits qui ont été pendant
cinq ans le résultat d’un travail gratuit, il cherche à justifier par les
faits et la correspondance des dommages-intérêts réclamés, et
termine en insistant sur le besoin de rappeler, par une condamnation
sévère aux instituteurs, l’étendue de leurs devoirs et la
sainteté de leurs engagements.
M. le substitut Bourgoin analyse les faits de la cause et les
moyens des parties. Il compare le mandat confié à M. Phiquepal
avec l’éducation que ses élèves ont reçue, et en conclut que
l’institution s’est éloignée complètement du but de sa mission.