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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/80

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avec eux aux métiers les plus rudes et les plus répugnants. — Il me semble que des actes de cette importance révèlent dans M. Enfantin au moins une grande énergie de caractère, et sont de nature à attirer sur lui l’attention[1].

    « M. le baron de Beauséjour, dit M. l’avocat du roi, avait remis son neveu à M. Phiquepal pour en faire un homme. Ce n’était pas lui demander trop ; eh bien ! il n’en a pas même fait un homme, mais un cordonnier, un laboureur, un maçon, comme s’il appartenait à l’une de ces classes, où la truelle, la varlope ou le rabot sont héréditaires, et il a négligé l’étude si essentielle des arts, des sciences, des lettres, des langues vivantes et des langues mortes, si l’on peut appeler de ce nom des langues qui ont immortalisé tant de personnages illustres. ! »
    Ainsi, voilà l’avocat du roi, c’est-à-dire l’homme qui représente la société, qui déclare qu’un cordonnier, un laboureur, un maçon, NE SONT PAS DES HOMMES…

  1. Lorsque j’ai écrit ce passage sur M. Enfantin, j’ignorais qu’il allait publier un livre traitant de nouveau la question de l’organisation du travail. — L’opinion émise ici au sujet de M. Enfantin se rapporte donc uniquement à ce qu’il a professé publiquement et fait faire à ses disciples en 1830, 1831 et 1832. Depuis lors, il n’avait plus ni parlé, ni écrit. — Aujourd’hui, M. Enfantin reparaît sur la scène, et s’y présente en économiste, en organisateur, en fondateur. Nécessairement, je devais prendre connaissance de son nouvel ouvrage, afin de m’assurer, si après douze années, l’ancien chef Saint-Simonien était resté le défenseur de la classe la plus nombreuse (les prolétaires) et de la classe la plus opprimée (les femmes). — J’achève la lecture du livre que M. Enfantin vient de publier (colonisation de l’Algérie) ; ma surprise, je l’avoue, a été grande, ma douleur profonde, en voyant comment, en 1843, douze ans après les réunions de la rue Mousigny, M. Enfantin comprend l’organisation du travail. — Pourra-t-on le croire ? Aujourd’hui, pour M. Enfantin, l’organisation du travail consiste tout simplement à enrégimenter les ouvriers d’une manière régulière. — Dans l’esprit de M. Enfantin, le mot organisation du travail a la même signification que : organisation de l’armée. — Une telle manière de voir est vraiment inqualifiable ! — Dieu vous garde, ouvriers,