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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/90

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l’homme[1]. — Or, tu n’as pas d’intelligence, pas de compréhension pour les hautes questions, pas de suite dans les idées, aucune capacité pour les sciences dites exactes, pas d’aptitude pour les travaux sérieux, — enfin, tu es un être faible de corps et d’esprit, pusillanime, superstitieux ; en un mot, tu n’es qu’un enfant capricieux ; volontaire, frivole ; pendant 10 ou 15 ans de la vie tu es une gentille petite poupée, mais remplie de défauts et de vices. — C’est pourquoi, femme, il faut que l’homme soit ton maître et ait toute autorité sur toi[2].

Voilà, depuis six mille ans que le monde existe, comment les sages des sages ont jugé la race femme.

Une aussi terrible condamnation, et répétée pendant six mille ans, était de nature à frapper la foule, car la sanction du temps a beaucoup d’autorité sur la foule. — Cependant, ce qui doit nous faire espérer qu’on pourra en appeler de ce jugement, c’est que de même, pendant six mille ans, les sages des sages ont porté un jugement non moins terrible sur une autre race de l’humanité : les PROLÉTAIRES. — Avant 89, qu’était le prolétaire dans la société française ? — Un vilain, un manant, dont on faisait une bête de somme taillable et corvéable. — Puis arrive la révolution de 89 et tout à coup voilà les sages des sages qui proclament que la plèbe se nomme peuple, que les vilains et les manants se nomment citoyens. — Enfin, ils proclament en pleine assemblée nationale les droits de l’homme[3].

  1. La plupart des savants, soit naturalistes, médecins ou philosophies, ont conclu plus ou moins explicitement à l’infériorité intellectuelle de la femme.
  2. La femme a été faite pour l’homme.(St Paul)
  3. Le peuple français, convaincu que l’oubli et le mépris des droits naturels de l’homme sont les seules causes des malheurs du monde, a résolu d’exposer dans une déclaration solennelle