Page:Trollope - La Pupille.djvu/154

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mier, sans que madame qui y couche s’en aperçoive ? s’écria Nancy avec effroi.

— Non, certes, mais je peux les arranger très-confortablement sans descendre au premier. Je mettrai le grand lit de la chambre verte dans la chambre au midi du second étage, où la cheminée est excellente ; puis, dans la grande pièce qu’elle destinait à son tuteur, j’installe deux lits pour les petits garçons, auprès desquels je ferai coucher Betty qui les lavera et les habillera : car, tant que je pourrai l’en dispenser, la nièce de mon pauvre maître, miss Florence, ne subira pas cette humiliation. Quant à la chambre où devait coucher la jolie miss Heathcote, j’en fais un cabinet de toilette pour le major et sa femme ; de cette façon, ils pourront avoir du feu dans les deux pièces et seront beaucoup mieux.

— Et où couchera miss Florence ? murmura Nancy avec inquiétude.

— Dans la chambre qu’elle a eue à Noël.

— Oh ! ma tante ! si cela se découvre, combien de temps croyez-vous rester encore ici ?

— Aussi longtemps que je l’aurai voulu, Nancy ; car je n’ai pas, comme vous, le désir de demeurer longtemps chez cette créature. Rappelez-vous, d’ailleurs, que cette différence entre nous deux suffira pour vous faire valoir auprès de la maîtresse de céans. Mais s’il vous arrivait un jour, ainsi qu’à moi, que vous ne pussiez la voir sans dégoût, je serai là, ma nièce, et auprès de moi vous trouverez toujours un appui solide et une sincère affection. »

Ce jour-là, mistress Barnes eut le loisir de se livrer aux déménagements qu’elle avait projetés : car l’héritière, suivie de son page, sortit pour aller, à travers ses bois, visiter ses nouveaux amis les Brandenberry. Elle marchait, indifférente et froide, dans ces allées séculaires, sans éprouver la moindre émotion à la vue de