Page:Trollope - La Pupille.djvu/239

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— Je suis de l’avis de Winifred, reprit la seconde miss Wilkins… et d’abord, rien ne sera plus amusant que de voir cette affreuse petite sotte de Sophie trancher de la grande dame et faire ses embarras ; l’étranger est peut-être drôle aussi… sans compter, ajouta-t-elle, que nous y retrouverons… sir Charles Temple.

— Oh ! pour celui-là, j’en ai fait mon deuil, Druda, repartit Elfreda ; quand il n’y aurait plus que lui et moi sur la terre, je ne voudrais pas l’épouser… Cependant, si vous avez toutes deux si envie d’aller à Thorpe-Combe, je n’y ferai certes pas d’objection. Eldruda, allez dire à la vieille Jeanne qu’elle remette la lessive à un autre jour ; pour le moment, il faut qu’elle s’occupe exclusivement de nos toilettes… Quant à papa, j’espère pouvoir le décider. »

Cette dernière tâche n’était pas tout à fait ce qu’il y avait de plus facile ; mais l’habile Elfreda sut y parvenir en rappelant à son père combien les excellents déjeuners, les copieux luncheons et les délicieux dîners qu’il avait pris à Thorpe-Combe, lors de son premier voyage, lui avaient fait de bien.

Nulle considération ne pouvait être mieux choisie pour déterminer le géant à se déranger ; aussi, le jour du départ étant arrivé, et M. Wilkins ayant trouvé sous sa main des habits neufs à sa taille, ses malles, faites sans qu’il s’en fût mêlé et la voiture attelée sans qu’il eût pris la peine de l’ordonner, il monta sans mot dire dans sa chaise, prit place en face de ses filles, et dormit jusqu’à destination.

En recevant la réponse affirmative des Wilkins, miss Martin Thorpe avait fait appeler mistress Barnes pour lui annoncer qu’elle allait avoir une grande réunion, et lui ordonner de faire préparer pour les Wilkins l’appartement qu’ils avaient à Noël, et pour M. Jenkins la plus belle chambre de toute la maison ; mais elle ne