Page:Trollope - La Pupille.djvu/250

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moi le recevoir, et me prive ainsi de passer, comme à l’ordinaire, la matinée auprès de vous. »

Florence fit une adorable petite moue, car il y avait une partie d’arrangée : on devait faire une promenade lointaine, emporter à goûter, et, pendant que le major et le petit Frédéric auraient pêché sir Charles aurait lu une comédie à haute voix. Cependant elle fit un effort pour ne pas laisser paraître son chagrin, et répondit :

« Allons donc vite prévenir maman qui fait déjà les préparatifs de départ, et dites, pour consoler Frédéric, que nous ferons notre promenade demain. »

Toute la famille fut désappointée en entendant ces nouvelles, mais Algernon s’écria en riant :

« Je parie que je sais ce que vous veut cet extravagant.

— Vous avez deviné, Algernon, répondit sir Charles, et moi aussi je trouve ce projet absurde : car, si sous tous les rapports cela est désirable, et j’en doute, la différence d’âge est au moins ridicule ; du reste, c’est à votre père et non à moi qu’il devait adresser sa demande.

— Comment est-il possible, sir Charles, que, sachant ce dont il est question, vous en parliez aussi sérieusement ? reprit Algernon avec étonnement.

— C’est que je suis bien en colère pour plaisanter en ce moment ; qu’ensuite je ne trouve pas cette proposition plus absurde qu’une autre, et que je m’attends très-bien à ce que les terres et le château de l’héritière tentent plusieurs personnes qui seraient fort disposées à en devenir possesseurs.

— Serez-vous assez bon, sir Charles, continua Algernon en riant, pour nous dire ce que vous comptez répondre à ce monsieur ?

— Cela dépendra des circonstances ; je l’enverrai probablement consulter notre pupille et lui demander son avis.