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temps et de travail. Ces différentes réflexions seront l’objet de plusieurs lettres qui suivront celle-ci. Quand je croirai avoir à peu près développé les principes et répondu aux objections les plus considérables, je jetterai quelques observations sur le projet du règlement.

Vraisemblablement je me répéterai quelquefois ; c’est une suite inévitable de la précipitation et du défaut de plan. Je vous demande votre indulgence pour ce désordre, ces répétitions et pour la longueur de cet écrit. La multitude et l’importance de vos occupations me feraient surtout désirer d’avoir pu éviter ce dernier défaut, car je n’ai point oublié que vous m’avez flatté de me lire, et j’ose vous en prier encore. Si je croyais mon ouvrage mieux fait, je me permettrais de vous répéter qu’aucune affaire n’a plus de droit à votre temps que l’examen de la question du commerce des grains.

Je suis, etc.


On ne peut trop regretter que la seconde, la troisième et la quatrième lettre de M. Turgot à M. l’abbé Terray, sur la liberté du commerce des grains, aient été perdues.

À l’occasion des troubles qui eurent lieu en 1775, sous le prétexte de la cherté des grains, quoique leur prix fût assez modéré, et que les efforts de ceux qui avaient tenté de les faire augmenter outre mesure eussent été impuissants, M. Turgot crut utile de donner au roi ces trois lettres, qui contenaient avec une extrême clarté les principes justificatifs de la loi qu’il lui avait proposée.

Le roi, dont l’esprit était très-juste, fut convaincu, et soutint alors avec courage le ministre qu’il aimait, dont il eut occasion dans la suite de dire en plein conseil : « Il n’y a que M. Turgot et moi qui aimions le peuple. »

L’urgence des circonstances et le prix du temps ne permirent pas alors à M. Turgot d’attendre le travail d’un copiste ; ce fut son manuscrit original qu’il remit au bon Louis XVI. Le roi l’avait soigneusement gardé ; il en a parlé à un homme respectable qui avait part à sa confiance au commencement de la révolution.

Les trois lettres ont été inutilement recherchées depuis aux Archives nationales et ailleurs Nous ne pouvons en donner qu’une notice succincte, que l’éditeur de ce recueil, vivant auprès de M. Turgot, et honoré de ses bontés, lui avait demandé la permission de faire pour son propre usage. {Dupont de Nemours.)