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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/547

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genre ne peuvent être employées utilement que pour donner une idée plus nette de la marche de la circulation.


L’auteur raisonne et calcule plus bas, d’après une supposition qu’il a déjà mise en principe, que la proportion des avances annuelles de la culture, à son produit total, est comme 2 à 5. — Les incertitudes de cette supposition n’affaiblissent point ce qui a été dit précédemment pour démontrer que l’impôt indirect retombe entièrement sur les propriétaires, parce que cette vérité ne résulte que de l’impossibilité d’entamer sans ruine les avances et les salaires des classes cultivatrice et industrieuse, qui ne peuvent payer qu’aux dépens des propriétaires, les seuls qui recueillent la portion disponible des fruits, cette portion gratuite que la terre rend au delà du prix du travail. Mais, dans ce qui va suivre, où l’on voudrait apprécier la surcharge de l’impôt indirect par l’effet que doit produire la diminution des avances, comme on part, pour calculer cet effet, de la proportion supposée de 2 à 5 entre les avances annuelles et la production totale, il est nécessaire d’examiner cette supposition.

Je veux accorder que cette proportion a été établie sur le calcul exact des avances et des produits de quelques fermes en grande culture, dans un pays fertile, dont l’auteur ou ceux qui lui ont fourni des Mémoires ont été à portée de s’assurer. Mais on n’est pas en droit de tirer de ce calcul particulier aucun résultat général ; il ne faut qu’un peu de réflexion pour sentir qu’il ne peut pas y avoir de proportion constante entre les avances et les produits. Les avances, qui ne sont qu’une dépense, n’ont par elles-mêmes aucune fécondité ; elles n’ont pas même cette fécondité de convention que le taux courant des spéculations d’intérêt donne à l’argent prêté. Si 20,000 livres mises en rente rapportent 1,000 francs, l’on en peut conclure que 40,000 en rapporteront 2,000. Mais, de ce que 2,000 livres d’avances annuelles mises dans une ferme font naître pour 5,000 francs de productions, l’on ne peut en conclure que 2,000 autres livres employées sur un autre terrain donneront également 5,000 francs, ni que 4,000 employées dans la même ferme en donneraient 10,000. — Les dépenses de la culture consistent à donner aux terres les préparations les plus propres à les rendre fécondes. Or, il s’en faut beaucoup que le succès de ces préparations, dont dépend la production, soit proportionné à la dépense : l’intelligence