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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/572

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de diminuer le prix qu’ils peuvent offrir des productions qu’ils consomment, et que l’une ou l’autre mesure rejette cet impôt sur les producteurs et les vendeurs de ces productions.

3o Que le prix des salaires considérables, comme celui des salaires médiocres, est réglé par la concurrence, et ne peut donc être entamé sans que le salarié s’en dédommage, car sans cela il refuserait son travail ou le porterait ailleurs.

À quoi il faut ajouter, 4o que, si l’on veut mettre l’impôt sur les consommations précieuses des salariés riches, il ne rend presque rien, parce que le nombre de ces riches salariés est toujours très-petit. Et que si, pour en augmenter la recette, on le fait porter sur les consommations communes, il devient très-disproportionné aux salaires, presque nul sur ceux des salariés qui font de gros gains, accablant, au moins passagèrement et jusqu’à ce qu’ils aient pu s’en faire rembourser, sur ceux des pauvres salariés qui exécutent les travaux les plus pénibles et les plus utiles, parmi lesquels se trouvent naturellement tous les salariés directs de l’agriculture, qui forment la plus grande partie de la population : ce qui renchérit inévitablement les frais de culture ; ce qui est la manière la plus onéreuse de rejeter l’impôt sur les propriétaires ; la plus ruineuse pour les capitaux consacrés à la cultivation dans les pays où les terres sont affermées ; celle qui fait le plus promptement abandonner les terres médiocres, qui diminue ainsi le plus inévitablement les subsistances de la population, et qui conduit le plus rapidement une nation à la misère.



VI. OBSERVATIONS

SUR UN PROJET D’ÉDIT PORTANT ABONNEMENT DES VINGTIÈMES ET DEUX SOUS POUR LIVRE DU DIXIÈME POUR TOUT LE ROYAUME,
AVEC UN RÈGLEMENT POUR LA RÉPARTITION DESDITES IMPOSITIONS[1].


Louis, etc. Rien ne nous a paru plus important pour le bonheur de nos peuples, que d’établir des règles certaines dans la forme de

  1. Le vingtième était un impôt dont rétablissement conférait au fisc le droit de lever la vingtième partie du revenu général des terres, des capitaux et de l’indus-