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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/700

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récoltes en grains dans ces deux élections ont extrêmement souffert, et cette denrée est actuellement à un prix très-haut. C’est la troisième année que l’Angoumois en particulier éprouve une véritable disette : le froment y est monté l’été dernier à près de 30 livres le setier de Paris ; malgré la moisson, il se soutient aux environs de 25 livres, et l’on ne doute pas qu’il n’augmente l’épuisement que cette continuité de disette pendant trois ans a produit dans une province déjà pauvre. L’excès de misère où elle a plongé le peuple ne se peut imaginer, et réclame pour cette malheureuse province toute l’étendue des bontés du roi. Nous savons que d’autres provinces méridionales ont souffert beaucoup de la rigueur du dernier hiver et sont justement inquiètes de leur subsistance ; mais le malheur d’être dans cette situation trois ans de suite est particulier à l’Angoumois.

On avait cru que la récolte serait beaucoup meilleure en Limousin, et dans l’état des apparences de la récolte, on s’était exprimé en conséquence de cette idée ; mais il paraît que la gerbe a rendu peu de grain, et cette circonstance, jointe à la sécheresse qui a détruit l’espérance de la récolte du sarrasin, a laissé les grains aux prix beaucoup trop forts où ils ont été l’année dernière. Le seigle, qui est la nourriture commune en Limousin, se soutient entre 15 et 18 livres le setier de Paris. Il est à craindre que les propriétaires ne puissent pas vendre ce qu’ils en ont recueilli, et ne soient obligés de le laisser à leurs métayers pour remplacer le vide que fait la perte des sarrasins, dont les paysans vivent ordinairement une grande partie de l’année. Cette partie de la généralité souffrira donc plus qu’on ne l’aurait cru d’abord, et aura aussi besoin de soulagement. Ces circonstances réunies, de la surcharge ancienne et démontrée de la généralité de Limoges, de son épuisement, d’une disette qui dure depuis trois ans dans une des provinces qui la composent, d’une cherté et d’une misère générale, nous font penser qu’elle a besoin au moins d’un soulagement de 500,000 livres, et nous supplions Sa Majesté de vouloir bien l’accorder.


Avis sur l’imposition de la taille de la généralité de Limoges pour l’année 1768.

Le brevet de la taille de l’année prochaine 1768 a été arrêté à la somme d’un million 942,293 livres 2 sous. Celui de la taille de