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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/701

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la présente année 1767 montait à 2 millions 275,807 livres 16 sous 3 deniers.

Ce qui fait pour 1768 une diminution de 333,514 livres 14 sous 3 deniers.

Cette diminution, plus apparente que réelle, vient de ce que le brevet arrêté au Conseil pour 1768 ne comprend que le principal de la taille, le taillon de la gendarmerie, les gages et appointements des officiers et archers de la maréchaussée, les étapes des gens de guerre et le dixième ou 2 sous pour livre des impositions. Le surplus des sommes contenues dans les brevets des années précédentes ayant été distrait de celui de 1768, elles seront comprises dans un second brevet qui sera arrêté au Conseil, en sorte que la connaissance de ce second brevet pourra seule montrer si la province est ou non soulagée.

Après ces observations préliminaires, nous allons rendre compte de l’état où se trouve la récolte en parcourant chacun de ses objets[1].

Accidents particuliers. — La généralité de Limoges a essuyé cette année plus de grêles que l’année précédente. Ce dommage est pourtant peu de chose en raison de ce que lui ont fait éprouver les gelées du mois d’avril, si funestes en général aux provinces méridionales du royaume. Mais elles l’ont été encore plus en Limousin qu’ailleurs, et la raison en est qu’elles ont fait très-peu de tort à la production des froments ; au lieu que les seigles, étant beaucoup plus avancés et déjà en épis et en lait, ont incomparablement plus souffert. Or, la production principale du Limousin, quant à la partie des grains, est le seigle. On avait Semé cette année beaucoup plus que les années précédentes, et le haut prix des grains, joint à l’espérance du débit assuré par l’exportation, avait sans doute plus que toute autre chose contribué à cet accroissement de culture. Les semences s’étaient faites de bonne heure et par un très-beau temps ; l’abondance dont on se flattait ramenait déjà les grains et les autres denrées à un prix modéré : la récolte donnait à toute sorte d’égards

  1. On supprime ce détail statistique sur l’état des récoltes de froment, de méteil, de seigle, d’avoine, de sarrasin, de maïs, de légumes, de foins, de pailles, devins, de fruits, de châtaignes, de chanvres, de lins, de safran, et du produit des bestiaux ; on remarquera seulement que la culture du froment de mars s’était introduite dans quelques paroisses de l’élection de Tulle, et que dans celle d’Angoulême, outre les méteils ordinaires de froment et de seigle, on en faisait aussi de froment et d’orge. (Note de Dupont de Nemours.)