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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/703

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vingt-sept paroisses de l’Angoumois[1]. Ce travail établit que la part (lu propriétaire n’est que sur le pied de 55 et deux cinquièmes pour 100, et que celle du roi est sur le pied de 44 et trois cinquièmes pour 100 du produit excédant les frais de culture ; qu’enfin la proportion de l’impôt au revenu dont le propriétaire jouit se trouve dans le rapport de 80 et demi à 100, résultat entièrement conforme à celui que nous avaient procuré nos recherches de l’année dernière.

C’est un devoir pour nous de mettre chaque année sous les yeux du roi une surcharge aussi évidemment constatée, et de réclamer, pour la province qui l’éprouve, ses bontés et sa justice.

À ce premier motif constant, qui doit faire espérer à la généralité de Limoges un soulagement remarquable, se joint la considération non moins puissante des accidents particuliers qu’elle a essuyés dans le cours de cette année, et la diminution que les productions de la terre ont soufferte.

Dès l’année dernière, les gelées excessives de l’hiver de 1765 à 1766 avaient fait périr une très-grande quantité de vignes dans les élections d’Angoulême et de Brive. La plus grande partie des propriétaires s’étaient déterminés à les faire arracher. Ceux qui s’étaient contentés de les faire couper très-près de terre, et qui les avaient fait labourer, dans l’idée que le bois pourrait repousser la seconde année, ont vu leurs espérances détruites par les gelées rigoureuses de l’hiver dernier qui ont tout consumé.

Outre cette perte, qui embrasse presque toutes les vieilles vignes, et qui en a détruit en totalité la production, les autres vignes de la province ont été extrêmement endommagées par la gelée inopinée qui est survenue aux fêtes de Pâques, et qui a été d’autant plus funeste, que la douce température qui avait précédé avait plus avancé les productions de la terre. C’est par cette raison que cette gelée de Pâques a beaucoup plus nui aux provinces méridionales, où les productions sont plus hâtives, qu’aux provinces du Nord.

L’élection de Brive a de plus éprouvé un malheur particulier par une grêle arrivée à la fin de juillet, qui a ravagé quatorze paroisses des vignobles les plus renommés de cette élection.

Un autre mal au moins aussi funeste qu’a causé cette gelée de Pâques, est la perte de la plus grande partie des seigles, qui étaient alors en épis. Presque tous les seigles de l’élection de Brive, et une

  1. Voyez pages 565 et suivantes de ce volume.