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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/708

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fléau dont ils ont été frappés, ils osent le réclamer comme une dette de la bonté du roi, comme un secours nécessaire pour leur donner les moyens de réparer leurs forces épuisées. Nous osons représenter en leur nom que le retour des productions de la terre au taux de la production commune ne sera pas pour eux une abondance véritable, et ne fera que remplir le vide des productions de l’année dernière.

Nous sommes d’autant plus en droit d’insister sur un pareil motif de justice, que M. le contrôleur général sait combien la généralité de Limoges a été de tout temps arriérée sur le payement de ses impositions, et combien elle a besoin qu’un soulagement effectif la mette en état de s’acquitter. Il nous fit à ce sujet un reproche l’année dernière auquel nous fûmes très-sensible, et nous l’aurions été infiniment davantage, si nous l’avions mérité par la moindre négligence. Nous trouvâmes un motif de consolation dans l’occasion que ce reproche nous donna de lui démontrer, en nous justifiant, que la véritable cause de retard qu’on observe dans les recouvrements de cette province depuis un très-grand nombre d’années, et longtemps avant que nous fussions chargé de son administration, n’est autre que la surcharge même qu’elle éprouve sur ses impositions ; surcharge telle qu’il ne lui reste, après ses impositions payées, que ce qui est absolument nécessaire pour entretenir sa culture et soutenir la reproduction dans l’état de médiocrité auquel elle est réduite depuis longtemps.

D’où il résulte qu’aussitôt que les besoins de l’État obligent à augmenter la masse des impôts, la province, qui payait déjà jusqu’au dernier terme de la possibilité, se trouve dans une impuissance physique de payer l’augmentation, laquelle tombe en arrérages dont la masse grossit d’année en année, jusqu’à ce que des circonstances plus heureuses permettent de diminuer les impôts. Ce fut l’objet d’une lettre très-longue et très-détaillée que nous eûmes l’honneur d’écrire à ce ministre le 16 octobre 1767, et que nous accompagnâmes d’un tableau destiné à lui mettre sous les yeux la marche et l’analyse des recouvrements dans la généralité de Limoges depuis 1754 jusqu’en 1767[1]. Nous prenons la liberté de le supplier de se faire remettre sous les yeux cette lettre et ce tableau

  1. Nous n’avons pu retrouver ni cette Lettre ni ce Tableau. (Note de Dupont de Nemours.)