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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/725

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mandant au nom des peuples qui souffrent. Nous craindrions bien plutôt les reproches les plus justes, si nous pouvions lui dissimuler un objet si important et pour son cœur et pour ses vrais intérêts. À proprement parler, nous ne demandons point, nous exposons les faits.

Le relevé des cotes que nous n’avons pu supprimer l’année dernière, et qui concernent des particuliers nourris de la charité publique, monte à 90,000 livres, qu’il est impossible de ne pas passer en non-valeur : ci 90,000 livres.

Il est physiquement impossible, d’après les détails dans lesquels nous venons d’entrer, de faire payer aucune imposition aux paroisses de la montagne. Nous avons fait relever les impositions de ces paroisses ; elles montent, en y joignant celles de quelques paroisses de vignobles entièrement grêlées, à 539,000 livres.

Le reste du Limousin est aussi maltraité et souffrira davantage que l’année dernière, et il a au moins besoin des mêmes soulagements. Il a eu, l’année dernière, sa part des 450,000 livres de moins-imposé ; et comme nous évaluons cette partie de la généralité à peu près aux cinq douzièmes, il faut mettre en compte les cinq douzièmes de 450,000 livres, c’est-à-dire 187,500 livres.

Enfin, quoique l’Angoumois ait été un peu moins maltraité que le reste de la généralité, il s’en faut beaucoup qu’il soit dans l’abondance, et l’épuisement où l’année dernière l’a mis nous autoriserait, dans d’autres temps, à solliciter pour cette partie de la province des soulagements très-forts. Du moins ne peut-on pas le charger plus qu’il ne devait l’être en 1769, lorsque l’on n’avait fixé ses impositions que d’après les premières apparences de sa récolte. Alors il aurait du moins joui de sa portion du moins-imposé de 250,000 liv. En regardant cette province comme le tiers de la généralité, c’étaient 84,000 livres qui lui avaient été accordées. On ne peut pas cette année lui en donner moins. C’est donc encore 84,000 livres à joindre aux sommes ci-dessus.

Ces quatre sommes additionnées font ensemble 900,500 livres.

Encore une fois, nous exposons, nous calculons, nous ne demandons pas ; nous sentons combien cette demande peut paraître affligeante ; nous ne proposons le résultat de nos calculs qu’en tremblant, mais nous tremblons encore plus de ce que nous prévoyons, si les circonstances ne permettaient pas à Sa Majesté de se livrer à