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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/762

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public, et que tous les services à rendre aux hommes sont du ressort de leur charité, je me propose de recourir souvent à eux pour leur demander des éclaircissements de toute espèce, ou pour les prier de m’aider à rendre à leurs paroissiens une justice exacte. Vous devez donc vous attendre, monsieur, que je m’adresserai plus d’une fois avec confiance à vous, ainsi qu’à MM. vos confrères ; j’espère même qu’eux et vous ne vous en tiendrez pas seulement à me répondre, et je vous prie de me faire part directement de toutes les choses dont vous croirez utile que je sois instruit. Vous me feriez même plaisir d’engager ceux de vos vicaires qui auraient du goût pour les différents genres d’observations dont je vous ai parlé, à s’en faire un amusement, et à me les communiquer. Vous pouvez être assuré que je me ferai un plaisir de distinguer en toute occasion et d’obliger ceux dont la correspondance m’aura procuré des éclaircissements utiles. Je me flatte que MM. les évêques ne pourront que savoir gré aux curés d’être entrés dans de pareilles vues, et je les prierai de vouloir bien leur en témoigner leur satisfaction.

La première chose que je vous demande aujourd’hui, c’est d’informer ou moi, ou le subdélégué le plus voisin, des accidents considérables qui peuvent arriver dans votre paroisse, surtout des maladies contagieuses qui s’y répandraient, soit sur les hommes, soit même sur les animaux ; ces occasions exigent des secours qui ne peuvent être trop prompts, et je ne puis y pourvoir si je n’en suis averti sur-le-champ.

J’ai encore à vous prier de rendre un service à vos paroissiens au sujet des requêtes qu’ils sont dans le cas de me présenter pour différents objets. Je sais que souvent ils s’adressent à MM. les curés pour les leur composer ; je ne puis trop applaudir à la charité de ceux qui veulent bien prendre ce soin, et je les exhorte à continuer. Je serais fort aise qu’ils voulussent aussi se charger de m’adresser toutes ces requêtes, et qu’ils persuadassent aux paysans de ne point se détourner de leur travail pour venir me les présenter eux-mêmes, comme il ne leur arrive que trop souvent. Les audiences que je suis obligé de leur donner sont une perte de temps pour moi ; mais j’ai bien plus de regret encore à la perte du leur, et aux frais que leur occasionnent ces voyages, pour lesquels ils dépensent souvent plus que ne peut valoir une modération légère qu’ils viennent demander sur leur capitation.