Aller au contenu

Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/769

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devaient être comprises dans les états de bestiaux. Il est vrai que, lorsqu’il ne s’agit que d’une ou deux brebis, la modération qu’on obtiendrait par là serait si peu considérable que ce n’est guère la peine d’en faire un article particulier dans les états ; mais, lorsque le nombre est plus considérable et va jusqu’à dix ou douze, il est juste d’en faire un article, mon intention étant d’accorder une modération toutes les fois que la perte est considérable. J’ai vu avec douleur que dans quelques paroisses le curé a signé seul parce que personne ne savait signer : cet excès d’ignorance dans le peuple me paraît un grand mal, et j’exhorte MM. les curés à s’occuper des moyens de répandre un peu plus d’instruction dans les campagnes, et à me proposer ceux qu’ils jugeront les plus efficaces. S’ils pouvaient, au défaut de signature, faire apposer dans les assemblées la croix du syndic et des principaux habitants, cette espèce de solennité me semblerait propre à exciter la confiance du peuple, et je leur en serais obligé.

Parmi les réponses que j’ai reçues à ma lettre du 3 mai, quelques-unes contiennent des observations intéressantes. J’y ai trouvé aussi des représentations sur plusieurs abus dont je sens tous les inconvénients, et auxquels je voudrais bien pouvoir remédier. Mais sur quelques-uns je ne vois que des moyens très-peu faciles à mettre en œuvre, et peut-être dangereux par l’atteinte qu’ils donneraient à la liberté dont chaque citoyen doit jouir, et qui ne saurait être trop respectée.


troisième lettre. — Limoges, le 23 octobre 1762.

L’usage qui s’est introduit, monsieur, dans la généralité de Limoges, de charger les collecteurs des tailles de la levée du vingtième, est contraire à ce qui s’observe dans la plus grande partie du royaume, où le vingtième est levé par des préposés particuliers. Je le crois aussi sujet à beaucoup d’inconvénients ; je sais que MM. les receveurs des tailles pensent qu’il rend les recouvrements plus difficiles, et il est certain que la collecte, déjà trop onéreuse par la seule levée des tailles, l’est devenue encore davantage par l’addition de celle des vingtièmes.

Les principes de l’imposition du vingtième sont d’ailleurs bien différents de ceux de la taille, puisque c’est au propriétaire, et non au colon, qu’il faut s’adresser pour le payement ; les termes de l’échéance des