Aller au contenu

Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moyens que j’ai employés a été d’autoriser les commissaires à se prêter aux engagements volontaires. Cette liberté, jointe à d’autres précautions que j’ai prises, a eu l’effet que j’en attendais. Un très-grand nombre de paroisses ont contribué à la milice par la oie du sort, et ni les tirages ni les fuyards n’ont occasionné aucun désordre. J’ai eu la satisfaction de voir que les miliciens se sont rendus seuls volontairement aux assemblées ; que le secours de la maréchaussée, autrefois si nécessaire, a été tout à fait inutile, et que le plus grand nombre de ces nouveaux soldats a montré la plus grande émulation pour entrer dans les grenadiers. Je crois, monsieur, que cette confiance de la part du peuple, qui dans cette province est une chose nouvelle, ne peut se conserver que par les moyens qui l’ont établie ; et comme la tolérance des engagements a été un des principaux de ces moyens, c’est une raison pour moi d’insister très-fortement contre l’idée que j’ai vue à quelques personnes de ramener à une exécution littérale les deux articles 16 et 19 de l’ordonnance du 27 novembre 1765.

J’aurais peut-être encore, monsieur, quelques autres observations à vous proposer sur cette matière, mais comme elles sont moins importantes que les deux qui font l’objet de cette lettre, déjà trop longue, je les réserverai pour un autre temps. Je vous serai très-obligé de me faire savoir si vous approuvez en tout ou en partie mes deux propositions.

Permettez-moi, en finissant, d’insister encore pour que vous veuillez bien nous faire parvenir promptement les ordres relatifs au tirage ; car comme cette opération exige de la part des intendants et de leurs bureaux un assez long travail, je crains que, si les ordres sont encore retardés d’un mois, il ne devienne impossible de faire tirer la milice avant le temps où les habitants du Limousin se dispersent dans les autres provinces. J’ai l’honneur d’être, etc.

fin de la lettre au ministre de la guerre.