Aller au contenu

Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinquième degré, qui, outre qu’il tient le milieu entre les deux extrêmes, a l’avantage de traverser l’Europe et d’être à portée par là de toutes les nations savantes, ce qui donne la facilité de répéter commodément, et aussi souvent qu’on le voudra, les expériences. Il m’a paru intéressant de faire constater, par des observations immédiates, la longueur précise du pendule à cette latitude. La situation du Médoc présente, assez près de Bordeaux, plusieurs circonstances très-avantageuses pour y faire ces observations avec succès, et j’ai chargé M. Messier, de l’Académie des sciences, astronome de la marine, de s’y transporter à cet effet. Il se rendra à bordeaux, où je l’adresse à vous, afin que vous lui procuriez, pour remplir sa mission, toutes les facilités et les commodités qui dépendent de vous. Je suis très-parfaitement, etc.[1].


Extrait de l’arrêt du Conseil d’État du 31 octobre 1775, qui ordonne dans les provinces de Flandre, Hainault et Artois l’exécution de l’édit du mois de février 1771, et des arrêts du Conseil des 6 juillet 1772 et 30 décembre 1774, concernant l’hérédité des offices et les droits casuels.

Vu par le roi, étant en son Conseil, l’édit du mois de février 1771, par lequel, à l’exception des offices dénommés en l’article 20 dudit édit, toutes les hérédités et survivances dont jouissaient les pourvus d’autres offices royaux, à quelque titre qu’elles eussent été réta-

  1. L’instruction sur les précautions à prendre avait été rédigée par M. Turgot et M. de Condorcet, avec les plus grandes lumières et l’attention la plus scrupuleuse. M. le président de Saron et M. Lavoisier prêtèrent à M. Messier quelques instruments d’une rare perfection. M. Lennel fut chargé de préparer et de diviser une lame d’argent qui parut nécessaire, et deux niveaux d’air exécutés avec un extrême soin. Mais un accident auquel on n’aurait pas dû s’attendre retarda le départ de l’académicien. On avait compté sur l’excellente pendule faite par M. Ferdinand Berthoud pour le voyage de M. l’abbé Chappe, et dont M. Turgot parlait dans sa lettre. Cette pendule était à l’Observatoire. Elle n’y marchait point ; mais on croyait que, pour la remettre en étal, il suffisait de la nettoyer. — C’était tout autre chose. — Après la mort de l’abbé Chappe cette pendule avait fait plusieurs chutes, dont une dans la mer. Un horloger peu instruit l’avait fort mal réparée. Elle avait des pièces faussées, d’autres entièrement détruites par la rouille. — Il fallait la refaire.

    Dans un pays où les grands artistes ne manqueraient point de capitaux, on trouverait des horloges du premier ordre et d’autres instruments tout prêts, ou qui ne demanderaient qu’à recevoir un dernier coup de main : ce n’a jamais été notre position. M. Berthoud eut besoin de six mois pour donner une autre horloge égale à la première. — M. Turgot fut disgracié, et le projet de constater la longueur du pendule au 45e degré abandonné avant que M. Messier eût pu partir.

    On ne sait point assez combien est à déplorer la perte d’un grand homme occu-