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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/596

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ŒUVRES DIVERSES.

PHILOSOPHIE, HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE POLITIQUE,
PHILOLOGIE, MÉTAPHYSIQUE, ETC.


DISCOURS DE TURGOT,
ALORS PRIEUR DE SORBONNE,
POUR L’OUVERTURE ET LA CLÔTURE DES SORBONNIQUES
de l’année 1750[1].


Premier discours, sur les avantages que l’établissement du christianisme
a procurés au genre humain, prononcé le 3 juillet 1750[2].

Je ne m’appuierai que sur les faits, et la comparaison du monde chrétien avec le monde idolâtre sera la démonstration des avantages que l’univers a reçus du christianisme. Je m’efforcerai de vous peindre, depuis l’établissement de la doctrine de Jésus-Christ, ce principe toujours agissant au milieu du tumulte des passions humaines, toujours subsistant parmi les révolutions continuelles qu’elles produisent, se mêlant avec elles, adoucissant leurs fureurs, tempérant leur action, modérant la chute des États, corrigeant leurs lois, perfectionnant les gouvernements, rendant les hommes meilleurs et plus heureux. La matière est immense, les preuves naissent en foule ; leur multitude semble ne pouvoir se plier à aucune méthode. Je dois pourtant me borner. Voici le plan de ce discours. J’envisagerai dans la première partie les effets de la religion chrétienne sur les hommes considérés en eux-mêmes. Ses effets, sur la constitution et le bonheur des sociétés politiques seront l’objet de la seconde ; l’humanité et la politique perfectionnées, le renfermeront tout entier.

Auguste assemblée[3] où tant de lumières réunies représentent la majesté de la religion dans toute sa splendeur, en même temps que votre présence m’inspire un respect mêlé de crainte, je ne puis m’empêcher de me féliciter

  1. Ces discours furent prononcés en latin ; mais il est vraisemblable, comme l’a fait remarquer Dupont de Nemours, qu’ils furent d’abord composés en français par l’auteur. Les deux versions se sont retrouvées dans les papiers de Turgot. L’ancien éditeur de ses œuvres a préféré avec raison celle qui était écrite dans notre langue. (E. D.)
  2. Ce discours avait un exorde dirigé contre ceux qui pensent que le christianisme n’est utile que pour l’autre vie. Dupont de Nemours dit l’avoir supprimé par le conseil de plusieurs amis de Turgot. C’est une condescendance dont nous ne pouvons lui savoir gré pour notre compte. (E. D.)
  3. L’assemblée du clergé.