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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/84

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J’ai donc cru devoir me contenter de distribuer la plus grande partie de cette somme entre les différents ateliers déjà ouverts sur les grandes routes dans toutes les parties de la généralité. Il fut enjoint aux entrepreneurs d’admettre sur leurs ateliers les pauvres du canton, sans distinction d’âge et de sexe, en les payant à proportion de leur travail ; le tout néanmoins jusqu’à concurrence de la somme qu’ils recevaient chaque mois, tant sur les fonds ordinaires que sur celui que vous aviez accordé. C’était toujours un moyen de subsistance offert à une portion du peuple des campagnes, et j’étais débarrassé, par cet arrangement, de toute espèce de détail pour la régie de ces ateliers, puisque, les routes dans cette province se faisant toutes à prix d’argent, les entrepreneurs avaient déjà leurs ateliers tout montés. Les sommes distribuées de cette manière aux entrepreneurs des routes ont été portées à 77,352 livres.

Je fis de plus établir un atelier de charité pour occuper les pauvres de la ville de Limoges. Je les employai à réparer le sol d’une certaine étendue des anciens remparts de cette ville qui, en même temps qu’elle forme une promenade assez belle, fait partie de la grande route de Paris à Toulouse. La dépense de cet atelier a monté à 6,065 livres 8 sous 3 deniers, qui, joints aux sommes données aux entrepreneurs, font en total 83,317 livres 8 sous 3 deniers.

J’avais aussi destiné une partie des 80,000 francs que vous m’accordiez à l’établissement de filatures dans quelques petites villes de la généralité, et à procurer de l’occupation dans ce genre aux femmes et aux enfants dans la ville de Limoges. La dépense pour cet objet est montée à 1,691 livres 15 sous. Cette somme, jointe à la dépense faite sur les routes et sur les remparts de Limoges, forme celle de 85,009 livres 3 sous 3 deniers, ce qui surpasse, comme vous le voyez, de 5,009 livres 3 sous 3 deniers celle de 80,000 francs que vous aviez destinée à cette partie.

Achats de riz et de fèves. — J’ai aussi passé de beaucoup la somme de 20,000 francs que vous aviez destinée à des achats de riz.

J’y ai été engagé par le retardement excessif d’un bâtiment attendu à Bordeaux, dont j’avais arrhé une partie. La crainte de voir manquer le secours que j’avais annoncé dans les paroisses me détermina à faire un autre achat considérable à Nantes, et de plus à faire acheter une assez grande quantité de fèves pour suppléer au défaut du riz.