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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/92

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de 80,000 livres pour être employée aux ateliers de charité dans le canton de la Montagne. Comme le duché de Ventadour, appartenant à M. le prince de Soubise, renferme une grande partie de ce canton, et comme les chemins que je me proposais d’exécuter devaient être très-utiles aux principales villes de ce duché, M. le maréchal de Soubise a eu la bonté de contribuera ces ateliers pour une somme de 6,000 livres.

Vous savez déjà, monsieur, par le tableau que j’ai eu l’honneur de vous envoyer de la dépense de ces ateliers, en vous adressant mon Avis sur le moins-imposé de l’année prochaine, que la dépense a infiniment surpassé les fonds qui y étaient destinés, puisqu’elle est montée en total à 218,404 livres 3 sous 7 deniers. Je joins encore à cette lettre une copie de ce tableau, que peut-être vous n’avez plus sous les yeux. Chaque espèce de dépense y est détaillée atelier par atelier, et la nature des ouvrages y est aussi expliquée, ainsi que les motifs qui ont engagé à les entreprendre par préférence à d’autres. Je crois inutile de m’y arrêter davantage ici. Je me bornerai à vous assurer que j’ai eu lieu d’être satisfait en général de la quantité d’ouvrage fait en le comparant à la dépense, et qu’il résultera des routes ouvertes dans ce canton, surtout si, comme je l’espère, elles peuvent être terminées en 1772, un avantage considérable pour le commerce ; car cette partie de la province se trouvera traversée en tous sens par plusieurs routes très-praticables qui lui ouvriront autant de communications avec les provinces voisines, au lieu que jusqu’à présent le commerce n’a pu s’y faire qu’à dos de mulets.

J’aurais bien voulu pouvoir produire ce bien, et procurer aux habitants de ce canton les soulagements dont ils avaient un besoin absolu, et ne point outrepasser les fonds que vous m’aviez accordés pour ces objets ; mais je n’ai pas été longtemps sans en reconnaître l’impossibilité absolue.

Les ateliers de charité n’ont pu être ouverts qu’au mois de mars, et je n’ose dire que ce soit un mal, car si on les eût ouverts plus tôt, la dépense eût été encore bien plus excessive. Dès le premier mois, je sentis combien la somme destinée à ces travaux serait insuffisante, et j’en instruisis M. d’Ormesson par une lettre du 29 mars. Je lui marquai encore, par une autre lettre du 21 juin, que la multitude d’ouvriers qui s’étaient présentés était telle, et la misère si extrême, qu’il ne m’avait pas paru possible de renvoyer tant de