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Page:Une Vie bien remplie (A. Corsin,1913).djvu/21

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UNE VIE BIEN REMPLIE

venait nous voir de temps en temps. Notre fille, qui avait 20 ans, s’éprit de lui ; c’était un beau garçon, instruit, sachant vivre et par dessus tout il aimait notre fille.

Le mariage eut lieu, leur bonheur fut parfait et le nôtre aussi de voir un si beau couple si bien assorti. Malheureusement, ce bonheur ne dura pas longtemps, notre fille mourut peu de temps après avoir donné naissance à un garçon aujourd’hui âgé de 15 ans, et qui, en ce moment, fait en Suisse un voyage de vacances ; c’est un cœur loyal, digne de ses parents.

Mon gendre, qui avait déjà une belle situation, fut démoralisé par la mort de sa femme ; il quitta Paris pour venir ici travailler son bien avec ses parents. Voilà cinq ans qu’il s’est remarié avec la femme qui nous a si bien accueillis tout à l’heure ; j’en suis heureux pour lui, car c’est une femme distinguée et intelligente ; elle aime mon petit fils comme s’il était le sien ; pour moi, je les aime bien tous les deux ; je le considère, lui, un peu comme mon fils. C’est moi qui avait fait construire pour eux le pavillon où nous sommes ; ils venaient y passer quelques jours l’été ; maintenant ils le mettent à ma disposition et sont heureux quand ils me voient venir. Son père et sa mère, à lui, sont retirés à la ville, le fils voulant cultiver à son gré ; il craignait avec raison que les vieux parents ne trouvent à redire sur l’emploi de diverses fumures, de semences sélectionnées, des machines agricoles, etc.

Ces braves gens avaient le cœur gros de quitter leur maison ; mais maintenant qu’ils n’ont plus que leur jardin à s’occuper et qu’ils sont à proximité des commerçants : bouchers, épiciers, etc., ils ont hâte, quand ils viennent ici, d’en repartir aussitôt, tant ils trouvent de bien-être à la ville où ils ont tout ce qu’il faut à leur portée.