— Oui, madame, sans cela je serais bien à plaindre.
— Pourquoi donc ?
— C’est que je dois partir incessamment pour aller chercher du service à Lyon ou à Paris.
— Est-ce que vous êtes décidé pour l’une de ces deux villes ? Si vous trouviez plus près, vous seriez placé, sans les fatigues d’un long voyage.
— Sans doute, madame ; mais on dit qu’on ne fait rien dans son pays.
Je ris en moi-même, car j’ai beaucoup fait ; et, continuant, je lui dis :
— Je connais une dame qui vous prendrait, et vous habillerait en jockey ; voudriez-vous être jockey ?
— Tout ce que vous voudrez, madame, pourvu que ma maîtresse soit de vos amies.
— Mais vous êtes honnête : comment vous appelez-vous ?
— Honoré Bienfait.
— Oui, en vérité, je ne changerai pas ce nom, et c’est moi qui vous prendrai ; êtes-vous votre maître ?
— Pas tout à fait, madame, j’ai une tante.
— Faites-la venir.
Mon petit homme partit comme un coureur et m’amena sa tante essoufflée, qui me donna, gaiement, son cher Honoré, le recommandant à Dieu et à mes bonnes grâces : tout fut dit ; et