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Page:Vénus en rut, 1880.djvu/74

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VÉNUS EN RUT


me voilà dame suzeraine de mon futur jockey, de qui les cheveux déjà coupés dans ce costume, flottaient négligemment.

Lucinde se doute de mes vues, et me dit, à voix basse :

— Après la chère que tu as faite à Toulon, tu avais besoin de ce cure-dent.

Je lui avais tout raconté, je ris de son idée : elle aurait bien voulu que milord lui permît pareille emplette ; elle me félicita ; nous revînmes, nous couchâmes ensemble et fîmes des folies de filles, tout en parlant du jockey, qui ne devait point monter à cheval.

J’avais grande envie de faire travailler à la garde-robe d’Honoré, et de commencer son éducation ; je ne m’étais point encore régalée de prémices ; cet enfant était superbe ; il avait près de cinq pieds, une tournure agréable, de grands yeux noirs, bordés de belles paupières, des sourcils arqués et bien fournis, des lèvres vermeilles, des dents très blanches, et des joues, vraies petites pommes d’Api.

Sortant d’Hyères, afin que Triston ne se doutât de rien, je fis monter mon page derrière ma voiture ; à cent pas de la ville, je l’appelai et le fis entrer, sous prétexte que je craignais, pour lui, un coup de soleil : il ne se le fit pas dire deux fois, et le voilà vis-à-vis de sa dame.

— Eh bien, Honoré, êtes-vous bien aise d’être à moi ?

  
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