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Page:Vénus en rut, 1880.djvu/79

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VÉNUS EN RUT


je dis à Fanchette de faire servir et que, sans cérémonie, pour ne pas m’ennuyer, puisque Honoré n’avait pas encore de livrée, nous dînerions tous trois : cela fut arrangé ; j’envoyai, pour lors, chercher des chevaux de poste à Toulon pour gagner le Beausset et arriver le soir à Marseille.

Tu sais que cette ville populeuse est l’asile de la liberté, le séjour de la licence, ou, si tu aimes mieux, le paradis des femmes ; on y fait ce qu’on veut, et plus qu’on ne veut ; car les occasions y sont aussi près que les réverbères. Un triple dessein m’y amenait ; m’amuser deux jours, car je comptais y revenir ; faire habiller Honoré, et jouir de son étonnement à la vue des spectacles variés qui s’offrent à Marseille ; je ne quittai point mon élève, de peur que quelque Grecque amoureuse ne me l’enlevât : je n’eus pas la même inquiétude sur Fanchette, qui pouvait seule se défendre contre la légion des Grecs pharaoniques qui ruinent les hommes, sans enrichir les femmes.

J’envoyai chercher un tailleur, je lui ordonnai une lévite et un gilet vert-pomme, collet, parements, ceinture couleur de rose ; le tout chargé d’un énorme galon d’argent ; quand on compose sa livrée, il faut qu’elle soit galante : quelque jour je me donnerai des armes ; je t’assure qu’elles seront parlantes.

Mon gentil Honoré fut, en vingt-quatre heures,