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Page:Vénus en rut, 1880.djvu/80

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VÉNUS EN RUT


vêtu, coiffé, botté ; je lui donnai le plus beau linge, et pour cause ; je le parfumai, je le fis baigner ; il ne se reconnaissait plus ; et je jouissais de mon pouvoir magique, dont cette métamorphose n’était qu’un essai.

Je ne cachai rien à Fanchette, elle connut mes intentions, et, pour m’éviter des soins fastidieux, je la chargeai de prévenir le petit de mes favorables désirs, que je voulais satisfaire la nuit prochaine.

Elle s’en chargea, et m’obéit si bien, que, revenant de la comédie, je le trouvai d’une gaieté ravissante. Pour arriver plus tôt à la conclusion, je soupai en poste, et dis que la chaleur du spectacle m’avait donné un mal de tête qui avancerait mon coucher.

On mit dans ma bassinoire des pastilles à l’ambre ; je bus de la crème de rose, j’en fis prendre au néophyte amoureux ; je lui donnai des diabolo de Naples, dont il ne connaissait pas la force, et je me déshabillai devant lui. Alors Fanchette lui dit :

— Pendant que j’arrange la toilette, prenez le mouchoir de madame, ses jarretières, ses bas.

Mon valet de chambre, qui m’avait menacée de maladresse, était d’une dextérité singulière ; j’avais la gorge découverte, il la dévorait des yeux ; j’eus la malice de lui dire :

— Honoré, vous me regardez beaucoup ;