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Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/158

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nonce l’immense événement de la naissance d’un jour.

Quoi de plus neuf et de plus capable de conséquences profondes, que l’entreprise d’une correspondance toute directe entre les esprits de l’Europe et ceux de l’Extrême-Asie, et même entre les cœurs ? Ce commerce des sentiments et des pensées jusqu’ici n’eut pas d’existence. Il n’y a personne encore pour y croire, parmi nous.

La Chine, fort longtemps nous fut une planète séparée. Nous la peuplions d’un peuple de fantaisie, car il n’est rien de plus naturel que de réduire les autres à ce qu’ils offrent de bizarre à nos regards. Une tête à perruque et à poudre, ou porteuse d’un chapeau « haut de forme », ne peut concevoir des têtes à longue queue.

Nous prêtions pêle-mêle à ce peuple extravagant, de la sagesse et des niaiseries ; de la faiblesse et de la durée ; une inertie et une industrie prodigieuses ;