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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/199

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XVII

LES CAMARADES

J’arrive chez Pétray.

Personne encore. Le garçon me demande si je veux un journal, en attendant.

Je prends le journal, comme s’il devait y être question de moi, de mon bonheur d’hier, d’un monsieur qu’on a vu se promener, cigare aux dents, fleur à la boutonnière, poitrine en avant : qui est allé aux Tuileries, puis au spectacle le soir, un De Marsay chevelu, trapu, et qui va compter dans Paris.

Parole d’honneur, je cherche entre les lignes s’il n’y a pas trace de ma promenade si inondée de soleil, de joie intime, d’insouciance robuste et de confiance en moi !

C’est Legrand qui paraît le premier, mais Legrand méconnaissable. — L’air d’un homme épié par le Conseil des Dix, regardant de droite et de gauche comme s’il avait peur de la Bouche de fer, vêtu d’un paletot sombre et coiffé d’un chapeau triste.