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Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/241

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Et, dès l’aube, voilà que, de leurs portes noires
Les herses, dents de fer, entr’ouvrent les mâchoires,
Et que, la lance haute, ils sortent de leurs tours
Et fondent sur la plaine ainsi que des vautours.
Puis, le soir, quand, rentrés dans leurs sombres bastilles,
Ils relèvent les ponts et referment les grilles,
L’épervier va glaner où leur pied a passé,
Dans le chemin de sang que leur glaive a tracé.

YVOR.

Ô lairds, ô chefs de clans, seigneurs, barons et comtes,
Quel jour Dieu viendra-t-il vous demander vos comptes,
Et, forçant vos manoirs pleins d’effrayants secrets,
Écrire sur vos murs : « Mané, Thékel, Pharès ? »

FERGUS.

Oh ! le jour du Seigneur est plus près qu’on ne pense.

YVOR.

Ami, si tu dis vrai, le ciel te récompense !
Car voilà bien longtemps, hélas ! que nous versons,
Nous qu’on foule et meurtrit de toutes les façons,
La sueur de nos fronts et le sang de nos veines.
Et je croyais Dieu sourd à-nos prières vaines.