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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/140

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allait se faire, comporterait le transfert pur et simple du Congo à la Belgique.

Mais c’était compter sans l’opiniâtreté de Léopold II.

Pendant plus d’un an, les choses traînèrent en longueur. D’autres questions occupèrent le Parlement. M. de Smet de Naeyer, le ministre des Financiers et des gens d’affaires, tomba sur la question de la réglementation des heures du travail dans les mines. M. de Trooz, ministre de l’Intérieur, lui succéda comme chef du cabinet et, s’il faut en croire certaines indiscrétions de presse, prit, en arrivant au pouvoir, l’engagement de maintenir la Fondation de la Couronne. Toujours est-il qu’à la stupéfaction de tous, le projet de loi relatif au transfert du Congo à la Belgique, qui fut déposé le 3 décembre 1907, subordonnait la reprise, contrairement au vote solennel de la Chambre, à l’« engagement de respecter les Fondations existantes au Congo »[1].


§ 4. — Le parlement belge et la Fondation de la Couronne.


Si le Roi s’était figuré que l’autorité de M. de Trooz, l’influence qu’il avait sur ses amis, amèneraient la Chambre à revenir, en 1907, sur le vote qu’elle avait émis, unanimement, en 1906, l’événement lui montra bientôt son erreur.

À peine le projet de reprise était-il déposé et renvoyé, pour examen, à une commission de dix-sept membres, représentant les divers partis, que la Fondation de la Couronne fut impitoyablement dénoncée comme un instrument de règne, un moyen de pouvoir personnel, qui permettrait au Roi selon ses propres déclarations d’amorcer la création d’une marine, de créer des œuvres coloniales, de poursuivre en Belgique une politique de travaux somptuaires sans l’aveu du Parlement, et avec cette perspective inquiétante de voir la

  1. Documents parlementaires. Chambre des Représentants, 1907-1908, p. 325.