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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/191

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rité d’occupation est le seul titre à l’occupation du sol. Il n’y a rien qui ressemble à des terres sans maître.

Nous ne citerons pas d’autres témoignages de missionnaires, car on dira peut être que n’étant ni des juristes, ni des économistes, et ayant des idées préconçues contre la conception domaniale de l’État Indépendant, ils peuvent s’être trompés sur l’interprétation des faits.

Mieux vaudra donc prendre dans des monographies non tendancieuses, des observations recueillies sans autre but que de décrire les coutumes indigènes.

En voici tout une série, se rapportant aux diverses parties du Congo :

a) Commandant Delhaize. Le régime de la propriété chez les Warega[1] :

Il faut distinguer la propriété commune et la propriété privée. La première est celle de tous les habitants du village, représentés par le chef. La seconde est propre à chaque individu qui en dispose à son gré. Dans la première catégorie, il faut ranger les terrains dépendant du village, cultivés ou non, les rivières qui traversent ces propriétés et les produits qu’on y rencontre, du règne animal ou végétal. Il semble être fait exception, presque toujours, pour le règne minéral… À proprement parler, il n’y a pas de terre sans maîtres. Les chefs se partagent le pays en prenant des limites bien déterminées, qui sont, le plus souvent, des rivières ou des accidents de terrain. Cependant ils n’exploitent pas tous ces vastes territoires ; ils se contentent des produits d’une toute petite partie entourant le village. Les chefs s’offrent simplement la satisfaction toute gratuite de pouvoir dire : Mon territoire s’étend jusqu’à tel endroit.

b) Gilmont. Le Mayombe[2] :

Ce terrain est, au point de vue commercial, partagé en étendues plus ou moins grandes ; chacune relève d’un chef de village ou d’un chef de tribu. Il va sans dire que ce partage est de pure convention entre les habitants d’une même contrée et n’a aucune

  1. À l’est du Lualaba, au cœur de la grande forêt équatoriale.
  2. Monographie publiée par M. Van Overberghe. Bruxelles. Institut international de Bibliographie.