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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/192

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sanction. C’est la tradition qui en a décidé. Il n’y a aucune limite artificielle séparant ces domaines commerciaux, mais il ferait beau voir qu’un village vint marauder les fruits des palmiers du territoire voisin : ce serait un casus belli.

c) Schmitz. Les Basonge[1] :

La propriété est collective ou privée, suivant la nature des biens, et nous touchons ici à un des côtés les plus intéressants de la vie sociale du Musongo.

À part le jardinet qu’il a au village, le pater familias ne possède en pleine propriété aucune terre, aucune rivière, aucun bois.

Vous n’entendrez jamais un Musongo, pas même un chef, dire : « Cette terre est à moi ». Il dira : « Cette terre est à nous » et, par nous, il entend, non pas la population de son village, mais la population tout entière de la tribu. Car si le village, comme nous allons le voir plus loin, a ses plantations propres, il n’a pas de territoire de chasse, de pêche, de récolte propre. Le pays appartient à toute la tribu : Bena-Monda, Bena-Stundu, Bala, Bakankala, etc. Tout indigène, dans le territoire de la tribu à laquelle il appartient, a le droit de recueillir des fruits (même des noix de palme), de couper des arbres, de ramasser du bois mort, de bâtir des huttes, de creuser des fosses-pièges, de chasser, de cultiver, de pêcher, de mettre le feu aux herbes, de récolter du caoutchouc.

d) De Calonne. Les Ababua[2] :

Dans la production d’une parenté, nous avons vu les efforts individuels de chaque Ababua pour se procurer l’outillage et les meubles, le travail collectif pour établir les cultures, enfin les associations entre familles pour exploiter en commun les produits naturels de la forêt. À ces trois formes d’activité économique correspondent des conceptions juridiques différentes de la propriété : propriété mobilière individuelle, droit de jouissance collectif sur les cultures, propriété foncière collective.

J’ai employé le mot indigène, étina, pour désigner le groupe social propriétaire du sol, ce groupe pouvant dans les petites tribus englober toutes celles-ci, tandis que chez les peuplades nombreuses, ou la division sociale est très poussée, l’étina peut correspondre à un groupe exogamique.

  1. Monographie publiée par M. Van Overberghe. Bruxelles. Institut international de Bibliographie.
  2. Page 169. Bruxelles, Polleunis et Centerick, 1909.