Aller au contenu

Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

situés aux environs de Léopoldville, j’ai vu beaucoup d’enfants, et que les femmes qui faisaient la chikwangue, assises à croppetons dans leur case, semblaient travailler fort à l’aise, dans des conditions que nos ouvrières de fabrique auraient cent motifs d’envier.

Mais la monnaie était, incontestablement, trop rare dans la région, pour que les indigènes soient en mesure de se libérer de l’impôt en travail par l’impôt en argent ; et, quand on demandait à ceux même qui auraient pu se procurer du numéraire, pourquoi ils continuaient à effectuer leurs prestations en nature, beaucoup répondaient : « Si nous payions en argent, on ne tarderait pas à nous réclamer, en outre, des chikwangues ».

L’année suivante (1909), au contraire, lorsque je revins à Léo, la situation s’était notablement modifiée. L’impôt en travail ne fournissait plus que la moitié des chikwangues. Les autres étaient achetées, à prix d’argent, sur le marché libre. La corvée reculait, de plus en plus, devant le paiement des taxes en numéraire. Elle a, aujourd’hui, complètement pris fin.

B. L’impôt du caoutchouc. — Pour ce qui concerne les « impositions » en caoutchouc, M. Thesiger, s’appuyant sur les témoignages de MM. Armstroug, Smith, Beak, Michell, etc., déclare, dans son mémorandum, que tout tend à démontrer que, dans la plupart des districts, le temps réel employé est de vingt à vingt-cinq jours par mois, la rémunération étant aussi insuffisante que pour la taxe en nourriture.

Voici, par exemple, comment il résume les constatations faites par le consul américain, M. Smith :

Le rapport de M. Smith parle du district tenu autrefois comme concession par la Société Anversoise, au nord d’Upoto. Ce rapport démontre, en résumé, qu’à N’Gali, le centre du district produisant le caoutchouc — un des plus riches du pays —, la taxe est fixée à 3 kilos par mois, la rémunération, de 43 centimes par kilo, payée comme d’habitude en marchandises, le temps mis