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Page:Variétés Tome II.djvu/231

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riers, bourgeois de Paris, nous sommes transportez le long du cours de la rivière de Bièvre, dite des Gobelins, icelle veüe, visitée, nivelée où besoin a esté, aux fins du restablissement et conservation d’icelle ; et trouvé que, pour y parvenir, il est besoin de curer, nettoyer et houdraguer la dite rivière, ruis-



sous François Ier, avoit établi là ses premières teintures d’écarlate. Rabelais en parle (liv. 2, chap. 22) quand il dit de la rivière de Bièvre : « Et c’est celuy ruisseau qui de present passe à S.-Victor, auquel Guobelin teinct l’escarlatte. » Au temps de Ronsard, la réputation de cette race de teinturiers n’avoit fait que s’accroître. Le poète, s’adressant à Gaspar d’Auvergne, parle (liv. 2, ode 21)

D’une laine qui dement
Sa teinture naturelle,
Es poisles du Gobelin,
S’yvrant d’un rouge venin
Pour se desguiser plus belle.

Selon M. Lacordaire (loc. cit., p. 18, note 2), la famille Gobelin étoit originaire de Reims ; mais, d’après un manuscrit de la Bibliothèque de La Haye, cité par M. Achille Jubinal (Lettre à M. le comte de Salvandy sur quelques manuscrits de la Bibliothèque royale de La Haye, 1846, in-8, p. 113 et 114), il paroîtroit qu’elle étoit venue de Flandres. Il y est dit que la rivière des Gobelins « se nomme ainsi de ces fameux teinturiers flamands qui se nommoient Gobeelen, et, par corruption de langue, on en a fait Gobelins. Ils y ont establi une fabrique de tapisserie qui, pour la finesse, la bonne teinture et le beau meslange des couleurs, des soyes et des laines, surpasse celles de Flandres et d’Angleterre ; mais aussy sont-elles de beaucoup plus chères. Ceux qui y travaillent sont encore, pour la plupart, d’Anvers, de Bruges ou d’Oudenarde. »