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Page:Variétés Tome II.djvu/305

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lets qu’on avoit semés en divers endroits de la ville, qui tendoient à faire soulever le peuple ; ce qui obligea M. Pelot, premier président, d’en faire informer et de s’appliquer fortement à découvrir les auteurs de ces dangereux billets.

Il sut que la Trueaumont, homme hardi, capable de tout entreprendre, séditieux et connu pour tel, étoit dans la province, et qu’il venoit souvent à Rouen, où il faisoit de grandes parties de débauche avec la noblesse du pays. Ayant pris garde qu’il étoit dans une perpétuelle agitation, il le soupçonna, et, pour s’éclairer de ses doutes, il en communiqua à un gentilhomme de ses amis très habile, qu’il pria de vouloir s’insinuer dans les compagnies avec lesquelles la Trueaumont se divertissoit, convenant qu’au fort de la débauche qu’il feroit avec lui il déchireroit le gouvernement, et témoigneroit adroitement qu’il étoit très mécontent ; ce qui fut ponctuellement exécuté par ce gentilhomme, lequel se conduisit si bien en cela deux ou trois mois qu’il s’acquit l’amitié de la Trueaumont. Quelque confiance cependant que ce dernier pût avoir en sa discrétion, il ne lui avoit néanmoins jusque là fait aucune part de son projet et secret, et tous deux s’étoient contentés respectivement de plaindre le malheur de la Normandie.

Mais il arriva un jour, dans la chaleur de la débauche, que, le gentilhomme s’emportant plus que de coutume contre le gouvernement, la Trueaumont s’échappa de lui dire qu’il ne suffisoit pas de connoître le mal si on n’y apportoit le remède. Ce gentilhomme en demeura d’accord, mais dit en même