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Page:Variétés Tome II.djvu/306

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temps que pour lui il n’y en voyoit point. Sur cela, la Trueaumont sourit, et dit que les Espagnols et les Hollandois tendoient les bras aux Normands, et que, s’ils vouloient s’aider de la bonne sorte, il ne doutoit point qu’on ne secouât le joug. Le gentilhomme, de son côté, lui dit que, dans une affaire de cette importance, il falloit avoir un bon chef, et qu’il n’en connoissoit point. Ce fut l’instant où la Trueaumont, achevant de donner dans le panneau qu’on lui avoit tendu, nomma le chevalier de Rohan ; et comme le gentilhomme dit que c’étoit une tête trop légère pour s’embarquer avec lui, la Trueaumont répliqua que les fous rompoient toujours la glace en ces sortes d’affaires, et que les sages, comme lui et ses amis, suivoient après sans hésiter. Le gentilhomme, feignant d’entrer dans son sentiment et s’étant séparé de lui, fut, à l’entrée de la nuit, trouver le premier président, à qui il rendit un compte exact de toute la conversation qu’il avoit eue avec la Trueaumont7. À l’instant même le premier président prit la poste, et se rendit à Versailles, où il découvrit au roi toute la conspiration. La nuit suivante, il s’en retourna à Rouen avec les mêmes précautions qu’il avoit tenues pour venir à Versailles.

Dès que le roi fut ainsi informé de cette trahison, il donna ordre au comte d’Ayen, capitaine de ses gardes, de dire au sieur de Brissac, major des gar-


7. Selon La Hode, la conspiration fut découverte soit par Londres, où le comte de Monterei avoit ordre de délivrer cent mille écus en divers paiements au chevalier de Rohan, soit par les papiers pris dans les bagages au combat de Senef.