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Page:Variétés Tome II.djvu/369

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Avant que ta santé première

Eust suivy la mesme carrière.

Mais pourquoy m’excusé-je ainsy,
Puisque les belles n’ont soucy,
La plupart, que d’estre cheries
De hauteurs de bordelleries,
Quy, presque en toutes les saisons,
Vont muant comme des oysons,
N’ayant pour sauce et pour bouteille
Que pruneaux et salsepareille ?
Puis que ceux dont l’emotion
Ne cherche par affection
Que des genres de pucelage,
Affin d’esviter le naufrage,
Sont moins doux à leurs appetitz
Que des villageois apprentiz,
De quy la main noire et terreuse
Badine près leur amoureuse,
Tournant et grattant, les yeux bas,
Leurs chapeaux ou leurs bonnets gras ?
Estant donc si plain de merite,
Ces nymphes de prix et d’elite,
Me voyant reparoistre un jour,
Me tesmoigneront plus d’amour.

Ainsy discours-je, ô Lysandre !
Afin que l’on me sçache entendre
Et que les filles du quartier,
En devisant de ce mestier,
N’accusent plus mon innocence
Et l’honneur de ta conscience,
Dont tu sçauras de bonne foy