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Page:Variétés Tome II.djvu/39

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dit plus mot du Charbonnier5, mais seullement du Tasteur, le capital ennemy du sexe fœminin, ainsy qu’il appert par un livre qu’on dit qu’il a composé, De garrulitate muliebri, qui est encore à la presse, attendant le privilége.

Diverses opinions sont intervenues sur l’advenement d’iceluy Tasteur : primo, que ce peut estre l’esprit de quelque verolé quy, se ressentant encore des mauvais traictemens qu’il auroit receus en amour, revient icy pour en tirer quelque raison, punissant par ces terreurs paniques ce sexe quy fut le premier instrument de nostre misère ; d’autres tiennent que ce peut estre quelque argousin6 privé de tous ses cinq sens de nature, excepté l’attouchement, auquel ne restant que cette faculté tastatique, ne sauroit par autre exercice dispenser son loisir que par le tastement ; ce que je ne croy pas, car d’autres disent qu’il ne laisse pas de monter dessus pour courir après


5. Il est, je crois, mention ici d’une autre histoire de ce temps-là : « Le diable, déguisé en docteur de Sorbonne, entra un jour dans la cabane d’un charbonnier, qu’il vouloit tenter, et lui dit : Que crois-tu ? — Je crois ce que croit la sainte Eglise. — Et que croit la sainte Eglise ? — Elle croit ce que je crois. L’esprit malin vit échouer toutes ses ruses contre de telles réponses, et fut obligé de renoncer à son projet. De ce conte est venu, dit-on, l’expression de la foi du charbonnier, pour signifier une foi simple et sans examen. » Quitard, Dict. des proverbes, p. 207.

6. Argousin est ici fort bien employé, s’il est vrai, comme le croit Ménage et comme le soutient Millin (Voy. dans le Midi, t. 2, p. 406), que ce mot dérive d’alguazil, et se prît alors dans le même sens en françois.