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Page:Variétés Tome V.djvu/194

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S’en vont vers vous (fripiers) pour en avoir de vieux.
Ceux qui vous font gaigner sont les tireurs de laine

Desquelz ceste cité est de tout temps si pleine.

Si de vos caves estoyent les soupirails bouchez,
Tant de menteaux de nuict n’y seroyent tresbuchez10 :
Car, à ce que je voy, ils sont si bien hantez
Que jamais (ô araignes !) vos toilles n’y tendez.
Si ces bales estoyent de vos boutiques ostées,
Plusieurs pièces d’estoffes ne nous seroyent robées.

Tous les habits qu’avez viennent de ces panduz,
Ou bien de ceux qui sont sur la roue rompuz,
Ou bien de quelque noble qui, pour un coup d’espée11,
Dessus un eschaffaut a la teste tranchée12,


10. Dans une pièce de notre t. 1, p. 198, il a déjà été parlé de ces connivences des fripiers avec les voleurs qui infestoient alors Paris, surtout avec la bande des Manteaux-Rouges. De ceux-ci, y est-il dit, on en prit d’une seule raffle vingt-deux « qui estoient à gage et qui jetoient par le soupirail des caves ce qu’ils avoient butiné par la ville. »

11. L’année précédente (1613), à l’occasion du duel entre le baron de Luz et le chevalier de Guise, dans lequel le premier fut tué, il avoit paru une déclaration du roi contre les duels, « avec protestation de n’accorder jamais la grace. » On ne l’avoit pourtant pas encore mise à exécution.

12. Les fripiers garnissoient leurs boutiques avec les défroques des suppliciés, que le bourreau leur vendoit. C’est ce qu’on voit par un passage des Visions du Pelerin du Parnasse, Paris, J. Gesselin, 1635, in-8, p. 121–122, très curieux volume que nous aurions peut-être fait entrer tout entier dans notre recueil, si quelques unes des pièces que nous avons données déjà ne s’y trouvoient à l’état de simples chapitres. Ainsi, l’une de celles qui précèdent, Règlement d’accord sur la préférence des sa-